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Le blog du chatborgne / blog de livres
20 février 2007

Un nouveau livre sur l'affaire Grégory

L'affaire Grégory

Je ne sais pas si, comme moi, vous avez regardé le téléfilm en six épisodes consacré à l'affaire Grégory diffusé en octobre dernier sur France 3; plutôt bien faite sur la forme (en dépit de quelques longueurs), l'oeuvre m'a quand même un peu gêné par son manichéisme, ses partis-pris clairement affichés et ses sous-entendus (laissant entendre la culpabilité de Bernard Laroche, cousin de Jean-Marie Villemin, dans l'assassinat de son fils Grégory Villemin). Afin de faire la moyenne, j'ai souhaité entendre un autre son de cloche, et c'est avec intérêt que j'ai lu L'Affaire Grégory de Me Prompt.

Bien sûr, l'avocat de Bernard Laroche n'est pas vraiment de ma chapelle - c'est un communiste "pur sucre", et ça se sent - mais la lecture de son ouvrage s'avère plutôt instructive. J'avoue avoir été troublé par les accusations qu'il porte contre l'officier de gendarmerie Etienne Sesmat, premier directeur d'enquête sur l'assassinat du petit Grégory, qui aurait reconnu devant lui avoir négligé les règles du Code de Procédure Pénale en ces termes: "Si j'ai commis des erreurs, peu importe puisque j'ai le résultat." (p. 96). Ce sont là des accusations sérieuses; Etienne Sesmat va t-il y répondre? Par ailleurs, j'ai été interloqué par le rappel d'un entretien accordé par les Villemin au Parisien libéré dans lequel ils se réjouissent (!) de la libération de Bernard Laroche, et par celui de leur aveu ultérieur: cet entretien aurait été une diversion pour camoufler le projet d'assassinat de leur cousin (p. 128).

De manière générale, l'auteur soulève des questions intéressantes (exemple: sur des enregistrements magnétiques effectués par le second directeur d'enquête, Jacques Corazzi du SRPJ de Nancy, qui n'ont pas été versés au dossier, p. 190-191), questions qui laissent clairement entendre que les erreurs n'ont pas manqué dans les deux instructions et les deux enquêtes menées sur la mort du petit Grégory. A l'heure actuelle, l'innocence de Christine Villemin est juridiquement établie (non-lieu du 3 février 1993) et Bernard Laroche, assassiné par son cousin Jean-Marie Villemin, bénéficie d'une présomption d'innocence posthume, en application de l'arrêt de la Cour d'Appel de Versailles du 15 mai 2002. A juste titre, Me Prompt cite longuement cet arrêt dans son chapitre 9 (p. 224-246), moins connu que le non-lieu du 3 février 1993 - non-lieu que d'aucuns considèrent  comme étant le "Saint Graal" judiciaire de l'affaire Grégory, et qui est d'ailleurs vivement critiqué par la Cour d'Appel de Versailles (ce qui ne signifie pas qu'il doit être rejeté en bloc, bien sûr).

Même si on ne suit pas l'auteur dans toutes ses observations (je ne considère pas ce livre comme un catéchisme, pas plus que ceux du colonel Sesmat et du commissaire Corazzi) la lecture de son ouvrage est indispensable pour ceux et celles qui s'intéressent à l'affaire Grégory. Et comme Me Prompt, j'espère que la Justice rouvrira le dossier, qu'elle aura le courage de "plonger" dans les eaux troubles de la Vologne afin de faire toute la lumière sur ce drame, la prescription n'intervenant qu'en 2011.

Frédéric VALANDRE.

PS: Pour en savoir plus, se reporter à mes deux précédentes fiches sur l'affaire Grégory, consacrées aux livres Les deux affaires Grégory et Le Secret de la Vologne.

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Commentaires
C
Le niveau social des parents de la victime était-il vraiment si élevé?<br /> Etant en poste dans les Vosges dans les années 1987/88 j'ai pu voir le pavillon des Villemin qui était en fait un chalet.<br /> Il m'a paru beaucoup plus petit que dans les reportages TV et photos de presse (Comme dans certaines annonces immobilières ou locations de vacance)<br /> En plus la cour et le RDC n'étaient pas visibles de la route départementale sur laquelle s'étire le village.<br /> Etant donné la configuration des lieux un enlèvement par des intrus, en présence de la mère, n'était pas du tout évident.<br /> Il est trés étonnant que les gendarmes n'aient pas eu de doutes surtout au vu du texte de la revendication
W
Je ne reviendrais pas sur les multiples rebondissements dans cette ténébruse affaire. Cependant, mon expérience profesionnelle passée a permis de me confronter à la culture "Vosgienne"!<br /> J'avais pour clients un certain nombre de groupes industriels dont le groupe qui possédait Autocoussin. Inutile de dire que tout ce qui venait de Paris n'était pas le bienvenu , et tous les coups bas étaient monnaie courante. J'ai visité ce genres d'usine où seuls le rendement et l'abbatage à la prime demeuraient le sauf conduit dans une région assez austère. Alors, combien de collaborateurs, ouvriers , auraient pu s'attaquer au niveau social de Villemin mais sans passer à l'acte. Et puis pourquoi pas une action coordonnée qui aurait mal tourné? Les signes extrieurs de richesse ont toujours été mal vus dans cette région. Peut-être faut-il retourner les sillons des amitiés passées du couple Villemin<br /> ........<br /> Les Villemin ont tourné la page en ayant un autre enfant et touché la coquette somme cumulée de 400.000 eus au titre de procès contre la presse et indemnités accumulées par les livres écrits par eux-mêmes..............
G
En fait il semble trés probable qu'elle ait été postée avant l'enlevement supposé<br /> Si on considéré l'horaire du rapt au plus tot il était possible de poster le pli avant l'heure limite du courrier départ mais c'était trés limite et il fallait avoir tout le matériel sous la main ce qui n'est pas évident<br /> Pourquoi la ravisseur aurait fait un rebroussement à vive allure vers le centre bourg au risque d'etre vu avec le mome dans la voiture<br /> La lettre étant destinée à un habitant du village aurait de toute façon été distribuée le lendemain<br /> Lorsqu'on fait un mauvais coup la priorité c'est de le réussir d'abord avant de revendiquer<br /> C'est une énorme incohérence dans cette histoire d'enlèvement et ce n'est pas la seule<br /> En plus le texte est un résumé grossier imitant les appels et écrits reçus par les Villemin<br /> Par contre imaginer un personnage comme Laroche qui écrit "j'espère que tu mourras de chagrin le chef" c'est assez drole<br /> Mais peut-être était-il plus futé que la moyenne
Y
@ marret<br /> <br /> quitte à évoquer des relations intimes, évoquez plutot celles entre le commissaire corrazi, mrs welzer, prompt, et les pseudos journalistes bezzina.<br /> <br /> autre point: vous semblez surpris que la lettre de revendication soit antérieure au crime, ou est le pb? l'enlèvement avait été fait.<br /> <br /> concernant l'arret de 2002, relisez le, il n'absout pas du tout b laroche.sa publicité fut aussi nulle que l'arret de 1993 qui blanchit c villemin.<br /> <br /> la désinformation médiatique a en fait plutot deservi cette dernière
M
Dans cette affaire on retient essentiellement les défaillances de la justice. Moi j'ai l'impression qu'il y a aussi un scandale de la désinformation<br /> Comment expliquer que cet arrêt de la cour d'appel de Versailles de 2002 n'a pas été rendu public dans la presse alors qu'il remet totalement en cause celui de Dijon en contestant les prétendues charges contre Laroche et en attaquant sa crédibilité même - A ma connaissance je ne vois pas une autre affaire où l'on reconnait une relation anormale et intime entre le magistrat instructeur et certains protagonistes.<br /> Dans la presse il y a toujours le même bourrage de crane , ces références aux fantasmes de Marguerite Duras mais des points essentiels sont systématiquement éludés notemment la chronologie des faits - Si l'on y regarde de prés il apparait que la lettre de revendication est antérieure au crime ce qui suppose que le ravisseur était doté de pouvoirs surnaturels - De même les policiers de la PJ sont accusés de manipulations et l'on ne parle jamais du fait que le capitaine de gendarmerie qui dirigeait l'enquête au début avait été dessaisi d'une autre affaire par le passé.<br /> Je vous précise qu'à l'époque j'avais lu des comptes rendus dans des journaux etrangers et ce n'était pas le même son de cloche
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