Pour en finir avec le pull-over rouge (suite)
Au cours de l'été 2007, un de mes correspondants sur Internet m'annonça la prochaine parution de son livre. Ce correspondant n'était autre que Pierre Rambla, le père de la petite Marie Dolorès, dont le meurtrier Christian Ranucci a été condamné à mort et exécuté le 28 juillet 1976. Comme les lecteurs de notre blog le savent, une certaine thèse "médiatiquement correcte" cherche à nous faire passer Ranucci pour un faux coupable fabriqué par les méchants policiers marseillais, qui aurait payé à la place du véritable assassin, un mystérieux homme au pull-over rouge. A l'origine de cette fable : l'écrivain Gilles Perrault, auteur d'une "contre-enquête" parue en 1978, qui a, hélas, servi de fil (... rouge, c'est le cas de le dire !) à deux films (l'un pour le cinéma, l'autre pour la télévision), des émissions TV, des sites Web, des jeux, etc.
Trop, c'est trop : c'est sans doute ce que s'est dit le père de Marie Dolorès. Il décide dans cet ouvrage de rétablir la vérité sur ce "serpent à sornettes" (l'expression est de lui) que constitue la thèse de l'innocence de Ranucci, et sur tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, cautionnent lesdites sornettes (les médias que j'ai cités plus haut). Après un rapide rappel autobiographique (p. 14-27) Pierre Rambla entre dans le vif du sujet. Ce n'est pas sans un sentiment de colère que l'on apprend les répercussions du montage anti-judiciaire de Gilles Perrault sur la vie de famille des Rambla ; et notamment sur Jean, le frère cadet de la victime, témoin de l'enlèvement de sa soeur. Il faut s'imaginer ce qu'a subi l'enfant, traité d'"assassin" dans les cours de récréation (on l'accusait d'avoir envoyé un innocent à la guillotine) et qui tombe dans un manuel de grammaire destiné aux élèves de 3e sur "un texte relatant l'erreur judiciaire avec pour exemple un petit passage illustré d'un extrait du film Le pull-over (rouge) agrémenté de la photo de Ranucci" (p. 50). Par ailleurs, l'auteur rappele à juste titre le "pedigree" pas très reluisant de Gilles Perrault (engagé dans moultes causes douteuses) et les tendances pédophiles du meurtrier de sa fille (notamment son appartenance au réseau du pervers Jacques Dugué, pages 68-69). Sans oublier la condamnation de l'auteur du Pull-over rouge pour diffamation envers les policiers marseillais, détaillée pages 142 et suivantes. Mais Pierre Rambla a également le mérite de relater des éléments peu connus, notamment l'entretien entre Ranucci et sa mère à la prison des Baumettes, durant lequel il lui a avoué sa culpabilité (p. 122).
On l'aura compris : sur le fond, j'approuve tout à fait le propos de Pierre Rambla. Pour la forme du livre, je ne cacherai pas mes réserves : le rythmne est inégal, il y a parfois des répétitions, des coquilles et fautes d'orthographe, et certains passages font très "copié-collé". Pour donner un exemple concret, j'ai retrouvé l'extrait d'un texte que j'ai consacré à Gilles Perrault sur ce blog (en mai 2005) reproduit deux fois et sans guillemets pages 72, 73, et 74. Tout cela est un peu dommage.
Nonobstant ces défauts, le livre de Pierre Rambla mérite le détour, et pas seulement pour ceux et celles qui se sont intéressés à cette affaire criminelle : c'est aussi une bonne occasion de rappeler que dans ce dossier, les victimes, ce sont Marie Dolorès et sa famille. Et certainement pas Christian Ranucci, pour qui je ne verserai pas une larme, n'en déplaise à tous les "droits-de-l'hommistes" de notre pays.
Frédéric Valandré.
PS : Un grand merci à Pierre Rambla d'avoir donné le lien de notre blog, page 219. Nos lecteurs peuvent également consulter son blog, ainsi que ma fiche consacrée au livre de Gérard Bouladou.
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