Pour en finir avec Le Pull Over Rouge...
L'affaire du pull-over rouge: Ranucci coupable!
par Gérard Bouladou
Editions France Europe
Notre note: (5 / 5)
Prix : 19.95 €
Etat: Neuf
Date de parution de l'original: 21 mar 05
Date de parution de l'exemplaire: 21 mar 05
Christian
Ranucci, condamné à mort et guillotiné le 28 juillet 1976 pour
l'enlèvement et le meurtre de la petite Maria Dolorès Rambla le 3 juin
1974, a été victime d'une erreur judiciaire": l'écrivain Gilles
Perrault, auteur du célèbre ouvrage Le Pull-over rouge
(Paris, Ramsay, 1978) nous le dit, nous le répète depuis près de 30
ans. Sa thèse a rencontré un tel écho dans notre pays (des articles,
des livres, des émissions de télé, un film) qu'elle a fini par devenir
un dogme, une vérité révélée à laquelle tout le monde doit croire.
Affecté
au commissariat d'Aix-en-Provence en 1995, intéressé très tôt par cette
affaire et n'excluant pas d'emblée l'hypothèse développée par Gilles
Perrault (le coupable serait un mystérieux homme au pull-over rouge),
M. Gérard Bouladou entame "l'enquête la plus extraordinaire, la plus
passionnante qu'il me fut donné de mener pendant toute ma carrière de
policier" (p.14) Si l'enquête fut passionnante, le livre qui en résulte
ne l'est pas moins.
Pendant huit ans, le commandant Bouladou a rencontré les principaux protagonistes du drame (voir la quatrième partie du livre: "Mes entretiens", pages 263-340) et étudié les documents écrits, sonores, et filmés touchant à l'affaire Ranucci. Le verdict est sans appel: "Bâtie sur du sable, la thèse de Perrault ne résiste pas à une étude approfondie." (page 380) En effet, Le Pull-over rouge contient plus de 200 erreurs- parmi celles qui furent longtemps prises pour paroles d'Evangile:
-l'identification de la voiture du ravisseur de Maria Dolores par son frère Jean par et le garagiste Eugène Spinelli comme étant une Simca 1100 (Ranucci, lui, avait un coupé Peugeot 304)alors que c'est totalement faux;-les époux Aubert, principaux témoins à charge, ont d'abord déclaré avoir vu le ravisseur s'enfuir en tenant un "paquet volumineux"; en fait ils ont toujours parlé d'un enfant;
- c'est seulement au cours de leur seconde confrontation avec Ranucci au commissariat qu'ils l'ont identifié comme étant le ravisseur; or, ils ne l'ont vu qu'une seule fois et l'ont reconnu tout de suite;
- avant de monter à l'échafaud, Ranucci a lancé à son avocat Me Lombard: "Réhabilitez-moi!"; c'est tout à fait inexact: le condamné n'a pas prononcé un mot.
Plus grave encore: Gilles Perrault a fait parler dans son livre des personnes qui, en fait, ont refusé de s'entretenir avec lui, tel M. Spinelli, qui a expliqué à Gérard Bouladou: " Perrault, je l'ai mis dehors tout de suite, il n'est pas rentré dans le garage." (page 318) Dire que l'écrivain s'est moqué du monde relève de l'euphémisme!
Trop de personnes en France ont pris pour argent comptant "les contes de Perrault" (titre de l'annexe), et nous ne saurions trop leur conseiller la lecture de L'affaire du pull-over rouge Ranucci coupable!, travail remarquable qui démolit l'une des plus indécentes entreprises de manipulation en matière d'affaires criminelles. L'ouvrage de Gérard Boudalou doit figurer dans toute bonne bibliothèque, aux cotés de ceux de Robert Daranc sur l'affaire Céline Jourdan et de François Foucart sur l'affaire Omar Raddad- deux dossiers sur lesquels là aussi la désinformation a la vie dure...
Frédéric CHATAIGNER.
Je ne sais si comme moi vous avez regardé Le droit de savoir le 3 mai dernier à 22h45 sur TF1 consacré à cette affaire; pour ma part, je tiens à saluer le souci d'objectivité de l'émission qui a donné aussi bien la parole à Gérard Bouladou qu'à Gilles Perrault. Mais une fois le téléviseur éteint, on ne peut que songer à la devise de Sherlock Holmes: "Lorsque vous aurez éliminé l'impossible, tout ce qui vous reste, même si c'est improbable, est forcément la vérité". La vérité? Ranucci était bien coupable.Pour finir, une notice d'information rédigée par mes soins sur le sieur Perrault:
Notre homme a été le témoin de mariage d’Annelyse Benoit et Bruno Baudrillart, animateurs de la revue L’internationale (février 1989)
Directeur de la publication de Rebelles, journal de la Commission pour l’organisation des prisonniers en lutte (COPEL)
Ces deux publications sont proches d’Action Directe.
Perrault a préfacé l’ouvrage de son ami Serge Quadruppani L’Antiterrorisme en France ou la terreur intégrée 1981-1989 (La Découverte, 1989) dans la dite préface l’écrivain tente de nous émouvoir sur le sort des « pauvres » terroristes :
« Au terme d’un rustique amalgame, ETA (Euskadi Ta Askatasum) et Action Directe, RAF (Fraction Armée Rouge) et IRA (Armée républicaine irlandaise) Cellules communistes belges et Palestiniens, Corses et Brigades rouges sont voués à la même exécration et à un rejet viscéral global » (page 9)
Encore plus fort, page 8, ce sont « les pouvoirs policier et judiciaire » qui sont rendus responsables de la « sanglante dérive » d’Action Directe !
Gilles Perrault s’est également signalé par son soutien à Frédéric Oriach, extrémiste de gauche proche d’Action Directe qui s’est publiquement félicité de l’assassinat du général Audran (émission de Jean-Pierre Elkabbach , « Découvertes », Europe 1, 12 juin 1987 : « Je ne vais pas le regretter, le général Audran était un trafiquant d’armes international »)
Il est condamné à 6 mois de prison le 2 décembre 1987 pour apologie de crime de meurtre- peine réduite de moitié en appel le 4 juillet 1988. Le nom de Gilles Perrault figure sur une pétition pour la libération d’Oriach fin 1987 ; en tant que témoin à décharge lors du procès en appel (juin 1988) il déclare : « J’aurai pu tenir les mêmes propos que Frédéric Oriach ».
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