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Le blog du chatborgne / blog de livres
28 décembre 2007

Le Bachelier, Jules Vallès

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LE BACHELIER

Jules Vallès, fondateur du journal « Le Cri du Peuple » et communard acharné a commis une trilogie autobiographique un temps appréciée dans les collèges et les lycées. On doit désormais en distribuer quelques morceaux choisis particulièrement picorés dans « Le Bachelier », le deuxième opus.

L’étudiant d’aujourd’hui pourra d’ailleurs facilement s’identifier à Jacques Vingtras (Jules Vallès), le fort en thème ou qui se croit tel, monté de son Auvergne à Paris et qui dédicace son ouvrage « à ceux qui, nourris de grec et de latin, sont morts de faim ». Ce Jacques Vingtras là c’est un peu notre Richard Durn, ce sont les étudiants bac + 5 sur des voies de garage qui ont appris avec de mauvais maîtres que la société devait leur dérouler le tapis rouge. Des petits boulots alimentaires jugés indignes d’eux vont nourrir leur frustration sociale pour en faire de véritables bombes.

Jacques Vingtras arrive donc à Paris pour chercher d’autres républicains (les communistes de l'époque), et espère vivre de l’argent que lui envoient ses parents. Il aime l’émeute et cherche à l’organiser dans les universités sans pour autant être étudiant. Il est un peu antisémite quand il s’en prend au bourgeois, à l’intéressé, à l’avare, au juif. C’est aussi contre le bourgeois en lui qu’il s’insurge, contre cette sensiblerie qu’il veut tuer pour ressembler à ces Spartiates dignes de l’admiration de Robespierre.

Mais la société bourgeoise semble se venger en le forçant à gagner de quoi vivre, il prend cela comme une mesquinerie et cherche des subterfuges : « il a été formé une caisse avec les sous que chacun pouvait avoir, et nous vivons là-dessus – jusqu’au grand moment où, si l’on a soif et faim, on réquisitionnera au nom de la République dans le quartier en feu. ». Et voilà notre Vingtras Vallès répétiteur chez des escrocs et finalement pion dans un collège, il enrage : « un soir de douleur et de colère, je suis homme à arrêter dans la rue un soldat ou un mouchard que je ferai saigner, pour pouvoir cracher mon mépris au nez de la société en pleine cour d’assises… Mais tu nous le paieras, société bête ! qui affame les instruits et les courageux quand ils ne valent pas être tes laquais ! Va ! Tu ne perdras rien pour attendre ! »

Vingtras est donc une petite ordure pathétique, un monstre frustré qui combat des fragments d’humanité en lui. Il prend pour idéologie ses pulsions anomiques ou suicidaires, Vingtras est notre contemporain.

Xavier COLLET

Pour les curieux : http://www.amazon.fr/exec/obidos/ASIN/2743433329/chatborgne-21


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Commentaires
X
Voila je me doutais bien qu'un prof à la con donnerait une telle merde à étudier.<br /> A chaque fois que je commente un mauvais livre, on peut être sûr que l'éducation nationale l'impose aux élèves.<br /> <br /> Ce passage doit permettre de faire un parallèle entre Vingtras qui retourne dans sa province auvergnate et le condamné à mort sur le chemin de l'échavaud. Il faut donc s'intéresser aux métaphores utilisées pour faire le parallèle.<br /> <br /> Voila.
A
bonjour j'ai un commentaire a fair sur l'extrait de "le bachelier" mais il n'y a ni de question de corpus ni qqchose pr m'aider :s aie..<br /> g tro du mal.vous pouvé maider svp :(<br /> <br /> "Quai Richebourg.<br /> <br /> Oh ! ce quai Richebourg, si long, si vide, si triste !<br /> <br /> Ce n’est plus l’odeur de la ville, c’est l’odeur du canal. Il étale ses eaux grasses sous les fenêtres et porte comme sur de l’huile les bateaux de mariniers, d’où sort, par un tuyau, la fumée de la soupe qui cuit. La batelière montre de temps en temps sa coiffe et grimpe sur le pont pour jeter ses épluchures par-dessus bord.<br /> <br /> C’est plein d’épluchures, ce canal sans courant !<br /> <br /> C’est le sommeil de l’eau. C’est le sommeil de tout.<br /> <br /> Pas de bruit. Trois ou quatre taches humaines sur le ruban jaunâtre du quai.<br /> <br /> En face, au loin, des chantiers dépeuplés, où quelques hommes rôdent avec un outil à la main, donnant de temps en temps un coup de marteau qu’on entend à une demi-lieue dans l’air, lugubre comme un coup de cloche d’église.<br /> <br /> À gauche, la prairie de Mauves brûlée par le givre.<br /> <br /> À droite, la longueur de la rivière, qui est trop étroite encore à cet endroit pour recevoir les grands navires. On y voit les cheminées des vapeurs de transport, rangées comme des tuyaux de poêle contre un mur ; et les mâts avec les voiles ressemblent à des perches où l’on a accroché des chemises – espèce de hangar abandonné, longue cour de blanchisseur, corridor de vieille usine, ce morceau de la Loire !<br /> <br /> Le ciel, là-dessus, est pâle et pur : pureté et pâleur qui m’irritent comme un sourire de niais, comme une moquerie que je ne puis corriger ni atteindre… C’est affreux, ce clair du ciel ! tandis que mon cœur saigne noir dans ma poitrine…<br /> <br /> Oh ! ce silence ! – troublé seulement par le bruit d’une conversation entre les mariniers ! ou le ho, ho ! lent de ceux qui tirent sur la corde, dans le chemin de halage, pour remonter un bateau…<br /> <br /> <br /> Pourquoi le train qui me ramenait n’a-t-il pas sauté ! Pourquoi n’ai-je pas eu le courage de me jeter, la tête la première, sous la locomotive, au lieu de m’installer dans le wagon comme un condamné à mort dans la charrette qui le prend et le mène, à travers champs, à l’endroit de l’exécution ! Il y en a qui vont ainsi trois heures en voiture, côte à côte, avec le bourreau ! Mais, quand ils arrivent, ils n’en ont plus que pour un moment, ils sont près de la délivrance ; moi, je suis arrivé et je ne sais pas quand mon agonie finira ! "
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