Cesare Academy

Génération Battisti

par Guillaume Perrault
Editions Plon

Prix : 17.10 €

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Cesare Battisti, vous connaissez? En l'an de grâce 2004, ce faux Robin des bois transalpin et véritable quatruble criminel de droit commun devint la coqueluche de l'intelligentsia française, ce qui souleva l'indignation de l'opinion publique et de la classe politique italiennes- gauche et droite confondues. En apprenant la parution du livre de Guillaume Perrault (journaliste du Figaro à ne pas confondre avec Gilles Perrault, l'obsédé des pull-over rouges) je me suis frotté les mains, et j'ai eu raison: pour mon plus grand plaisir, l'auteur a endossé la robe rouge du procureur, afin de rétablir la vérité sur ce dossier sulfureux.

Après avoir examiné les faits pour lesquels Battisti a été condamné par contumace en Italie tout en les replaçant dans leur contexte (chapitre 1, p. 19-49), Guillaume Perrault passe au crible l'oeuvre littéraire de ce triste individu: "Dès son premier livre, Battisti écrit ainsi un roman idéologique destiné à ennoblir ses meurtres. Et ça marche. Editeurs, critiques et lecteurs sont nombreux à penser qu'il s'agit d'une description fidèle des années de plomb." (p. 56) Quant aux braillards de la Cesare Academy (pardon à Mag' de la Star Ac' pour ce pastiche à deux sous!) de Fred Vargas à François Hollande en passant par Philippe Sollers et BHL, ils sont fermement remis à leur place (chapitres 3 et 4, p. 77-130) et ça fait du bien à lire!

Le journaliste termine son travail de décrassage idéologique avec une salutaire piqure de rappel:eh oui, la culture de l'excuse vis-à-vis de la violence ne date pas d'hier, elle remonte à 1789: "Le terrorisme [...] est bon dans ce qu'il annonce. Ce qu'il comporte de regrettable est dû aux résistances rencontrées [...] En France, le sang ne compte pas, pourvu qu'il soit versé au nom des bonnes causes." (p. 147) Bref, on ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs! De l'excuse de la violence on peut passer à son approbation pure et simple: je dois dire que les extraits du torchon maoïste La Cause du Peuple sur l'affaire de Bruay-en-Artois reproduits pages 161-163 m'ont passablement donné le vertige! Ah ah ah mes amis, que n'aurait-on entendu si un journal de droite avait publié de tels appels au lynchage ? En somme, une excellente mise au point sur ce que le préfacier du dit ouvrage- l'ancien ambassadeur de France Gilles Martinet- qualifie de "grand moment d'incompréhension entre une partie de la classe politique et de l'intelligenstia françaises et l'ensemble de la classe politique italiennes." (p. 9) A lire d'urgence, c'est un conseil d'ami!

Frédéric CHATAIGNER.