"La gauche, en France, ne devient pas antisémite. Elle le redevient." Tel est le constat d'Alexis Lacroix, journaliste aux pages "Débats" du Figaro.
La premiere partie de ce petit livre est consacrée à l'antisémitisme new look qui touche la France depuis plusieurs années- l'extrême gauche dite altermondialiste en prend pour son grade (exemple de propos délirant, p. 62: "Israël est une sentinelle avancée de la colonisation libérale" c'est signé José Bové, le sous-Astérix du Larzac) M. Lacroix fait observer que "la haine anti-israélienne affichée par de larges secteurs de l'opinion européenne n'est pas une sanction ou une riposte à l'égard de Jérusalem, elle procède, bien au contraire, d'une condamnation sans appel de l'Etat juif comme tel." (p. 63) A juste titre, et ce "pour tenter l'archéologie de la présente judéophobie" (p. 79) l'auteur rappele également l'antisémitisme teinté d'anticapitalisme de Karl Marx (p. 78-92).
La seconde partie nous propose un retour sur images, afin de réfuter la vision simpliste opposant une gauche unanimement dreyfusarde à une droite unanimement antidreyfusarde. Le journaliste remet tout particulièrement à sa place Jean Jaurès, qui, loin d'être "un saint patron du dreyfusisme" a écrit des phrases très dures sur les Juifs en général et sur Dreyfus en particulier, sous prétexte bien sûr de fustiger les vilains bourgeois et autres capitalistes; la lecture des pages 110 à 132 devrait faire grincer des dents les inconditionnels du fondateur de L'Humanité!
Alexis Lacroix conclut en ces termes: "il revient désormais à la gauche d'écraser l'oeuf du serpent qui mûrit depuis trop longtemps en son sein. Elle le peut. Encore faut-t-il qu'elle le veuille." (p. 153)
Frédéric CHATAIGNER.