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Le blog du chatborgne / blog de livres
1 juin 2005

Du nouveau sur Al-Qaida

L'énigme Al-Qaida
par Alain Bauer/Xavier Raufer
Editions Jean-Claude Lattès

Prix : 18.05

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Etat: Neuf
Date de parution de l'original: 18 mai 05
Date de parution de l'exemplaire: 18 mai 05

C'est le 14 août 1996 que pour la première fois, le Département d'Etat US utilise dans un communiqué le terme "Al-Qaida". Pour les Américains, la cause est entendue: c'est "une organisation centralisée, une sorte d'IRA qui serait fanatiquement musulmane, au lieu d'être catholique." (page 63)créee par Oussama Ben Laden lui-même en 1985.


Dans leur nouvel ouvrage Alain Bauer et Xavier Raufer nous démontrent que cela ne tient pas la route une seule seconde: non, Al-Qaida n'est aucunement un équivalent salafiste (une des tendances les plus radicales de l'Islam) de l'IRA ou de l'ETA, ce n'est pas une organisation hiérarchisée, de type pyramidale, avec Ben Laden à sa tête qui donnerait ses ordres; en fait, "l'ennemi (...) est instable, inconstant, à éclipse, en tout point semblable à un caméléon." (page 122) Ceci étant posé, les auteurs expliquent que l'ennemi réel, c'est plus largement "le courant jihadi mondial", qui prend sa source dans la guerre d'Afghanistan de 1979-1989; d'ailleurs, concernant l'Afghanistan, les mises au point sont les bienvenues: on ignorait que bon nombre de communistes afghans étaient passés du coté des salafistes (solidarité tribale oblige) entre 1990 et 1992, que l'Alliance du Nord du Commandant Massoud, généralement présentée comme le camp des "gentils" dans les médias occidentaux, participait à un trafic alimenté par leurs ennemis officiels, les Talibans (pages 126-127).


En outre, L'Enigme Al-Qaida explore les implications financières et de politique internationale - entre autres: les conséquences néfastes du chaos mondial sur la vie des entreprises, le coût de la "guerre à la terreur" menée par les Etats-Unis (300 milliards de dollars) les conséquences politiques des attentats du 11 septembre 2001 à l'échelon mondial...


Enfin, les deux criminologues posent l'ultime question: comment "désamorcer le djihad"? Réponse: "non pas se borner à tuer ou incarcérer des individus sitôt remplacés. Tel est l'objectif: évaluer correctement le courant djihadi mondial dans l'idée de le dévaluer; disqualifier ce courant, c'est à terme l'assurance qu'il se liquidera pour l'essentiel tout seul. Qu'il disparaîtra au bout du compte dans l'indifférence et l'oubli." (page 272)


Un ouvrage très instructif, bien documenté (pages 273-324: la partie "Sources et archives du livre, bibliographie" compte 51 pages) et plutôt sévère avec les Américains (sans tomber dans l'antiaméricanisme: "le vrai ami des Etats-Unis est ainsi celui qui ose critiquer des positions, des stratégies dont il voit bien qu'elles sont contre-productives, voire désastreuses à terme", page 21). Libre à chacun de partager la totalité des analyses des deux auteurs ou non, mais soyons-en certains: leur travail vaut le détour.

Frédéric CHATAIGNER.

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