UOIF: il est temps de lever le voile!
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"L'UOIF est respectueuse des lois de la République": c'est ce que nous est dit et répété par Nicolas Sarkozy depuis 2002. Dommage pour l'ancien ministre de l'Intérieur, mais l'enquête très fouillée de Mme Venner sur l'Union des Organisations Islamiques de France nous apporte la preuve éclatante du contraire: "il ne s'agit pas de n'importe quelle organisation musulmane, mais de la vitrine française de l'islam des Frères musulmans, la plus politique et la plus redoutable des confréries islamistes." (4e de couverture) En près de 250 pages, l'auteur dresse un réquisitoire implacable, aussi bien chronologique (de la naissance des Frères musulmans à l'entrée de l'UOIF au sein du Conseil Français du Culte Musulman) que thématique (le réseau de l'UOIF, son financement, ses associations satellites, le forum de son site web). Fiammetta Venner relate des faits peu connus du grand public: le rapprochement de l'UOIF en 1995 avec l'association antiraciste France Plus, pourtant "totalement anti intégriste" (p.186) les détails hallucinants de l'affaire du tchador de Creil: "Non seulement Samura, Leïla et Fatima viennent voilées en classe, mais elles refusent par exemple d'entrer en cours de technologie à cause de l'odeur de colle "interdite en islam" d'après elles. Dans la cour, à plusieurs reprises, elles dirigent de petites manifestations en hommage à l'imam Khomeiny" (p.177). Au passage, l'auteur rend justice à M. Ernest Chenière, le principal du collège qui avait été cloué au pilori à l'automne 1989 par les professionnels de l'antiracisme. Certes, Mme Venner n'est pas de notre chapelle (elle se situe dans la mouvance "gauche féministe et homophile") certaines remarques, certains parallèles douteux (entre les manifestations "antiPacs" de 1998 et celles "antilaïcité" de 2003-2004, p.217) ne sauraient emporter notre adhésion. En revanche, sa conclusion est très intéressante: après avoir fustigé (à juste titre) "l'aveuglement volontaire" de Sarkozy dans cette affaire, la chercheuse réclame la mise en place d'une commission d'enquête parlementaire sur l'UOIF (p. 236-237) Sera-t-elle entendue? Frédéric CHATAIGNER. |